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rojava-resistance.over-blog.com Informations et analyses sur le Rojava et la Syrie.

L'Iran face au plan d'invasion turc.

Le dossier Syrien est depuis longtemps un sujet de tensions entre la turquie et l'Iran. Lors de la dernière intervention militaire turque dans le Nord Est Syrien en 2020 la confrontation directe entre les deux pays n'a été évité de justesse par la Russie qu'au prix de la signature d'un accord de cessez le feu conclut à la hâte et jamais respecté. Dans un contexte de menace d'une nouvelle intervention militaire proférée par la turquie, quelle sera l'attitude de l'Iran. Une confrontation, directe ou indirecte, est-elle possible?

 

L'OTAN vient de céder au chantage de la turquie et d'obtenir un feu vert pour une nouvelle opération génocidaire en Syrie en échange de la levée de son veto concernant l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'organisation. L'attitude des puissances occidentales face à une nouvelle opération militaire turque en Syrie ne fait donc aucun doute. Les occidentaux fermeront les yeux, renouant ainsi avec une longue tradition honteuse de trahison de ses alliés. Tout au plus ils défendront les sites de détention et les champs pétroliers à l'extrême Est du pays mais ils n'iront pas plus loin.

 

Le régime Syrien a dors et déjà déclaré qu'une nouvelle attaque turque constituerait une agression inacceptable et qu'elle donnerait lieu à une confrontation directe. Sur le terrain un nombre considérable de renforts à été envoyé dans la région de Tal Rifat au Nord d'Alep, un des objectifs annoncé par la turquie pour sa nouvelle offensive. Il faut dire que l'enclave de Tal Rifat, où vivent les déplacés d'Afrin, constitue également la première ligne de défense au Nord d'Alep.  Toutefois l'armée du régime Syrien n'est plus en état de combattre après plus de dix ans de guerre.

 

L'Iran est un acteur du conflit Syrien qui jusqu'a présent est resté relativement discret. Mais lors des dernières menaces les officiels Iraniens ont fait plusieurs déclarations qui ont raisonné dans le silence général. En effet l'Iran estime qu'une intervention militaire turque n'est pas justifiée bien que les problèmes sécuritaires évoqués par Ankara soient reconnus. L'Iran estime que ces "problèmes" peuvent être résolus par la négociations et ne justifient pas une intervention armée. Sur le terrain les milices Iraniennes qui soutiennent Assad se sont déplacées vers le Nord pour montrer une volonté de défendre Tal Rifat en cas d'invasion. La Russie à pourtant essayer de freiner ce mouvement en empêchant dans un premier temps l'Iran d'installer des batteries d'armes lourdes dans le secteur. L'Iran veut défendre Tal Rifat pour plusieurs raisons.

 

La première est liée à la situation géographique de Tal Rifat. C'est en effet la seule ligne défensive que l'on trouve au Nord d'Alep. Les Iraniens estiment que la turquie, en affichant sa volonté de prendre cette minuscule enclave, cachent le vrai but de leur opération qui serait la prise d'Alep et la chute du gouvernement d'Assad. En effet, si Tal Rifat tombe aux mains des jihadistes pro turcs, rien ne pourrait plus s'opposer à une offensive sur Alep. Ce serait un sérieux revers pour l'Iran qui essaye d'étendre géographiquement sa sphère d'influence dans une zone voisine d'Israël son ennemi juré.

 

La deuxième est diplomatique. La turquie à récemment fait beaucoup d'efforts pour normaliser ses relations avec d'autres pays Arabes. A ce niveau le rapprochement avec Israël provoque tant l'inquiétude que la colère à Téhéran. Certains officiels Iraniens affirment même que le soutien aux forces anti Assad qui provoque l'instabilité dans la région est un projet conjoint entre la turquie et Israël. La turquie a également réussit à arrondir les angles de sa relation avec l'Arabie Saoudite. L'Iran pense donc que la recherche d'investissements Saoudiens par la turquie pourrait à long terme nuire à ses propres relations avec les Saoudiens. Une autre inquiétude est liée à l'action de la turquie en Irak qui a pris beaucoup d'importance ces deux dernières années. Là encore l'Iran y voit un risque de voir diminuer  son influence dans ce pays.

 

La troisième est à la fois religieuse et historique. si Manbij, Kobanî ou Aïn Issa se trouvent largement en dehors de la zone d'intérêt Iranienne il n'en est pas de même pour les villes de Zaraa et Nubl qui sont situées immédiatement au Sud de Tal Rifat. Dans ces deux villes demeure une importante communauté Chiite que l'Iran ne peut idéologiquement parlant pas se permettre qu'elles soient rayées de la carte par les jihadistes pro turcs. Par le passé cette zone a été menacée par les jihadistes pro turc et les habitants avaient pu s'en extraire grâce à des couloirs ouverts par le YPG.

 

Il est probable que l'Iran ait cherché à favoriser un rapprochement entre les FDS et le régime Syrien comme cela avait été le cas lors de la dernière opération turque mais il existe toutefois une distance liée à l'alliance des FDS avec les Etats Unis. Les différents mouvements signalés sur le terrain laissent planer peu de doutes sur le fait que l'Iran cherchera à entraver une avancée turque dans la région.

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